Portrait

#PORTRAITDERECRUTEUR : Elise – Tant que mes genoux tiendront !

#PORTRAITDERECRUTEUR :
Elise – Tant que mes genoux tiendront !

Elise est née à Colombes, a grandi à Marseille, a commencé ses études à Montpellier et s’est aujourd’hui installée à Lyon. Depuis ses 19 ans, chaque été elle fait une ou deux missions pour Cause à Effet, avec toujours le même plaisir… pour elle, comme pour nous !

Comment es-tu arrivée chez Cauzaf ?

J’ai été arrêtée dans la rue quand j’étais étudiante à Montpellier, je ne me doutais pas que c’était un taf. Puis j’ai vu une annonce sur Indeed et j’ai eu envie de postuler. Je me suis dit que quitte à travailler pour financer mes études, autant que ça me permette aussi de travailler pour mon karmaJJ’ai toujours été très empathique, donc travailler dans la rue pour des associations, ça me semblait une très belle idée. Et puis c’était aussi un gros challenge pour moi car j’étais très timide !

Je me rappelle que lors de mon entretien, le Responsable de Mission m’avait dit qu’il avait peur que je me fasse « manger par la rue » à cause de mon jeune âge (19 ans à l’époque). Je lui avais répondu « moi, personne me mange ! » C’est ce qui a dû le convaincre de me prendre ! (rires)

Raconte-nous ta 1ère mission.

C’était pour Médecins Sans Frontières (MSF) et j’en garde un magnifique souvenir. J’ai commencé avec une superbe équipe, avec laquelle j’ai bossé 3 étés de suite. On passait nos journées et nos soirées ensemble ! J’ai eu la chance d’être tout de suite « adoptée » par un autre Recruteur, qui m’a pris sous son aile et qui m’a formé. Il m’a énormément appris et il y avait une superbe alchimie entre nous.

A l’époque, j’étais une vraie pile électrique, je bougeais tout le temps ! Ma RE me disait d’y aller plus doucement, que sinon je ne tiendrais pas toute la mission. Cette première mission, je l’ai abordée comme une pièce de théâtre, je me suis mise dans le rôle de quelqu’un de plus ouvert, plus exubérant que ce que j’étais dans la « vraie » vie et je me suis dit que je pouvais me permettre de faire des blagues aux gens. Et c’est ce qui m’a justement permis de vaincre ma timidité. L’humour sauve toujours tout !

Tu bosses toujours l’été. Pourquoi ?

Oui, je suis une recruteuse de la canicule (rires) ! J’adore les gadgets de l’été, les brumisateurs, les éventails, les pistolets à eau ! (rires). Bon, en vrai, je peux dire que je suis témoin du réchauffement climatique ! Et dans ces conditions, j’ai appris à économiser mon énergie. Il faut beaucoup de conditionnement mental, aborder chaque tranche l’une après l’autre.

Si je reviens chaque été pendant les vacances, c’est parce que j’aime ce travail et que j’ai toujours beaucoup de plaisir à retrouver des personnes qui font maintenant partie de « ma petite famille ». C’est le seul boulot étudiant que j’ai fait et que je continuerai à faire, tant que mes genoux tiendront !

Alors, oui, avant chaque nouvelle mission, j’ai peur d’avoir oublié, de ne plus savoir comment faire, comment répondre aux gens. Mais au final, c’est comme le vélo, dès que tu te retrouves face à quelqu’un, les automatismes reviennent. Parce que quelle que soit l’association, le travail reste le même.

 

En octobre 2018, tu as fait une mission en contrat 7H/semaine. Comment se passe une mission sur un tel format ?

Déjà, j’étais ravie de pouvoir travailler sur ce format parce que ça collait bien avec mes horaires de cours.

A chaque journée, j’étais vraiment au taquet, ultra focalisée sur l’asso que je représentais (CARE). C’était un jour que j’attendais avec impatience, je savais qu’il fallait tout donner !

Et comme je suis très ouverte et sociable, je me suis aussi bien intégrée à l’équipe, ce qui n’est pas forcément facile quand on arrive dans un noyau déjà constitué et qui travaille ensemble toute la semaine.

 

Comment tu gères l’échec, les frustrations, la fatigue, l’indifférence des gens ?

Je suis naturellement quelqu’un de très positif, je me dis toujours qu’après une mauvaise rencontre, je vais trouver une belle personne ! Quand on renvoie quelque chose de beau et innocent, on finit toujours par rencontrer des gens beaux et innocents !

Bon cela étant, je pleure au moins deux fois par mission ! Parce que certaines personnes te poussent à bout, qu’il faut garder le self-control quand tu portes le tee-shirt d’une asso. Parce qu’il y a aussi besoin d’extérioriser ce que les gens te confient, et c’est parfois très dur à encaisser.

J’ai appris que quand tu passes une journée de m…., ça ne sert à rien de s’en plaindre sinon tu mets toute ton équipe dans le mal. Dans ces cas-là, c’est ton Responsable d’Equipe qu’il faut aller voir. Si mon Responsable sait être à l’écoute, m’épauler, me remonter le moral, je suis prête à m’arracher, à aller chercher la Lune pour lui/elle.

Ma pire frustration c’est quand personne ne me dit bonjour ! Cette indifférence, ce manque de respect… Après une mauvaise rencontre, souvent j’interpelle un.e passant.e en lui disant « Bonjour, je viens de passer un mauvais moment, vous avez l’air gentil, vous ne voulez pas parler avec moi ? » et souvent ça marche ! Et ça permet de repartir sur du positif.

 

Le plus important dans une équipe c’est quoi ?

La cohésion ! Dans une équipe, tu sais que tu peux compter sur ton collègue quand t’es dans le mal. On se soutient tous et ça permet d’aller chercher ensemble l’objectif commun. On travaille ensemble la journée, on passe ensuite des soirées ensemble. Ça créé des relations très fortes, très particulières.

 

Qu’est-ce que ce métier t’as appris ?

Avant j’étais incapable de faire un exposé en public sans trembler comme une feuille. Aujourd’hui, je peux faire un meeting sans problème ! J’ai beaucoup plus confiance en moi.

Je sais aussi que j’ai en moi la capacité à aller chercher des ressources quand j’ai parfois l’impression d’être vidée.

Comme je vieillis (elle a 22 ans quand même !), j’ai aussi appris à économiser mon énergie. Je bouge toujours beaucoup, mais moins qu’avant !

Ta plus belle rencontre ?

J’ai des centaines de visages qui me reviennent… des phrases, des histoires…

Comme cette nana qui a adopté un pigeon, ou ce mec qui nous disait qu’il fallait apprendre aux gens à arrêter les balles…

J’aime les gens qui me disent « je n’ai pas le temps, j’ai une infection urinaire, je dois absolument aller faire pipi » ou « je vais aller faire du poney » !

Comment tu parles de ce travail autour de toi ?

Au début, mes parents ont été choqués parce que j’étais très timide et renfermée. Aujourd’hui, ils voient comment j’ai évolué, que je suis plus ouverte et plus affirmée en tant que personne. Et ils adorent que je leur raconte les anecdotes de rue.

Quand les gens me demandent ce que je fais, je dis que je suis le « Bonjour, vous avez 2 min ? » et j’ai pas besoin d’en dire plus, ils comprennent !

C’est un travail dont je suis fière. Parce que sans nous les associations n’auraient pas les mêmes ressources financières. Quand j’en parle, les gens comprennent très bien qu’on soit payé pour le faire.

Cause à Effet en un mot ?

Challenge !

Ce métier en un mot ?

La niaque (même si je ne sais pas comment ça s’écrit :p) et beaucoup d’amour.

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