Portrait

#PORTRAITDERECRUTEUR : Guillaume – Se taper pour les autres !

Portrait d'un recruteur de Donateurs

#PORTRAITDERECRUTEUR : Guillaume

Se taper pour les autres !

Portrait d'un recruteur de Donateurs

Quand Guillaume nous dit qu’il vient du Périgord, il reprend son accent du Sud et on entend le soleil dans sa voix
Il a fait des études en Géographie et en Valorisation du Patrimoine. Il se destinait à travailler dans le secteur du développement durable ou de l’urbanisme, en cabinets d’architecte ou dans une collectivité territoriale.
Et puis…

Comment es-tu arrivé chez Cauzaf ?

Je me suis retrouvé un peu par hasard à Paris après avoir fini mes études en Amérique du Sud. Je cherchais du travail et j’ai rapidement répondu à une annonce de Cause à Effet. Je m’étais renseigné sur Internet, j’avais lu des retours d’expérience, certains très positifs, d’autres moins. Je voulais me faire mon propre avis. Je pensais que ce boulot me plairait parce que j’aime être en contact avec les gens.

J’ai donc postulé. Et… je n’ai pas été pris !
Mais j’étais tellement motivé et j’avais tellement envie de tenter l’expérience que j’ai très rapidement re-postuler à une mission Croix-Rouge. Et cette fois j’ai été pris.
Au début, je pensais faire une mission, juste pour gagner un peu d’argent pendant que je continuais à chercher autre chose.

Aujourd’hui, je suis Responsable d’Equipe donc c’est bien que ça m’a plu !

Raconte-nous ta première mission.

C’était pas facile au début. Je me suis mis beaucoup de pression la première semaine. Je me disais « ça rigole pas » parce qu’il y en avait qui réussissaient beaucoup mieux que moi. J’étais un peu impatient. J’étais beaucoup dans la découverte sur cette première mission.

Heureusement, j’ai eu la chance d’avoir une super Responsable d’Equipe (RE) qui m’a fait confiance, qui m’a rassuré et qui m’a transmis les clés de ce métier. Et qui m’a aussi donné envie de poursuivre, parce qu’elle a vraiment su me transmettre l’amour qu’elle a de ce travail.

Du coup, je me suis rapidement dit « si tu veux y arriver, va falloir que tu fasses mieux que les autres ». Et je finis à 0,58 (à Paris !). A ce moment-là, je ne me rendais pas compte de ce que ça voulait dire. Pour moi, c’était une mission normale. Et c’est aussi ce que mes Responsables me disaient (rires).

Sur mes missions d’après, je me suis beaucoup plus approprié ce métier.

Tu n’as eu que deux Responsables d’Equipe : que t’ont-ils appris ?

Ma première RE m’a transmis sa rigueur. Le second surtout son expérience, sa dynamique. Il m’a très vite fait confiance. C’est une rencontre que je n’oublierai jamais dans ce travail. Il m’a apporté le goût du challenge, du dépassement de soi.

Tu es passé RE après seulement 4 missions en tant que Recruteur de Donateurs (RD). Pourquoi cette envie, cette demande ?
J’ai eu la chance dès ma deuxième mission de travailler avec un RE qui m’a vite laissé prendre certaines choses en main, en tant que lieutenant. Et ça m’a tout de suite plu. J’ai vraiment pris confiance grâce à lui. Et j’avais à cœur d’évoluer parce que j’aime les nouveaux challenges pour ne pas me lasser.

J’ai effectivement fait ma demande assez rapidement mais je me sentais prêt.

Alors, cette première mission RE ?

Ultra difficile !! J’avais 17 RD pour ma première mission alors que j’avais jamais managé. Lors de la formation, j’ai réalisé que c’était moi qui allais devoir gérer tous ces gens !

La mission a été compliquée mais elle a été fondamentale parce que j’ai énormément appris sur le terrain ! J’ai fait beaucoup d’erreurs, je manquais de légitimité.

Avec du recul, j’en tire du positif parce que je n’ai plus peur aujourd’hui d’avoir de grosses équipes. Je sais comment les appréhender.

Aujourd’hui je me rends compte que mes équipes sont de plus en plus vite autonomes. J’arrive plus rapidement à insuffler un état d’esprit commun, à dédramatiser les résultats. Je veux du quantitatif et du qualitatif. Je suis plus serein et ça se ressent sur mes équipes je pense. J’ai moins de pression aujourd’hui.

Je suis fier de mon parcours. Je sais que j’ai travaillé pour ça. Aujourd’hui je me sens en phase.

Aujourd’hui, quels sont pour toi les plaisirs du poste de RE ?

Ce que j’aime dans mon poste de RE, c’est de former mes équipes, les accompagner. J’aime beaucoup l’aspect pédagogique.

Je suis content de voir et d’entendre les retours que certains RD peuvent faire sur moi, sur la manière dont je les ai formés ou accompagnés.

Quelles sont les difficultés du poste de RE ?

C’est un travail très addictif ! Et quand même physiquement et mentalement assez éprouvant.

C’est aussi un poste où on peut se sentir seul.e. Moi je suis quelqu’un de solitaire donc ça ne me dérange pas forcément. Mais y’a des fois où c’est un peu compliqué. Le plus dur, c’est quand t’as une équipe qui vient avec ses problèmes.

Qu’essayes-tu de transmettre à tes équipes ?

Déjà, le respect du cadre. Quand j’étais RD, je n’étais jamais en retard, jamais absent. Et j’essaye de leur transmettre cette manière que j’avais de travailler.

Si tout le monde arrive quelques minutes en avance, on a le temps de se retrouver avant de commencer la journée pour se mettre dans de bonnes conditions. Tout ça participe à la création de la dynamique de groupe, pour aller chercher quelque chose ensemble.

L’identité de notre travail c’est bien sûr les associations et les valeurs qu’on défend, mais c’est aussi cette aventure humaine particulière qui va rester gravée. J’essaye toujours de créer une sorte de microcosme sur mes équipes.

C’est pas un métier facile donc ce que je dis à mes équipes c’est de rester soudés entre eux. On encaisse beaucoup de refus. On vit quelque chose d’un peu marginal. On a plein de profils différents dans nos équipes mais au final on a tous un point commun, c’est de se retrouver ici plutôt que dans un schéma traditionnel, enfermé.e dans un bureau.

C’est quoi une bonne mission pour toi ?

Une bonne mission c’est déjà plein de donateurs de qualité, des donateurs qui vont rester longtemps avec les associations, ça c’est fondamental.

C’est aussi des effectifs qu’on va réussir à fidéliser. C’est aussi le rôle du Responsable d’Equipe de réussir à faire enchaîner des missions à des Recruteurs. C’est aussi de voir des RD évoluer, progresser.

C’est aussi se regarder en fin de mission et se dire « on a aucun regret, on a eu des moments difficiles, des supers moments et on a toujours tout donné, je m’en souviendrais longtemps ».

Une mission, par définition, c’est éphémère, ça dure 6 semaines. Mais moi je veux que mes RD s’en souviennent le plus longtemps possible. L’important pour moi c’est que les gens viennent travailler avec plaisir, qu’ils aient envie de « se taper » pour les autres. Le collectif joue un rôle important.

Tu as été le Responsable d’Equipe de la première mission ALIMA de Cauzaf : quelles ont été tes impressions ?

Je m’étais mis une bonne pression. J’avais un peu d’appréhension bien sûr. Mais beaucoup de satisfaction aussi d’être choisi pour ce nouveau programme.

On a eu un super accueil de cette association ! Ils font des choses formidables et ça a été un bonheur d’aller les défendre dans la rue.

Plein de personnes ne connaissaient pas l’association donc c’était très intéressant. C’était une très bonne expérience et j’espère que j’aurais l’opportunité de travailler à nouveau pour cette association.

Tu as entamé un « Process R » depuis février 2019 : de quoi s’agit-il ?

Le statut Recrutement est une compétence qu’un RE peut demander s’il souhaite faire passer lui-même ses entretiens. C’est un process où on commence par une phase d’observation avec les Responsables de Mission. Et on apprend de chacun d’eux.

Je trouve ça très enrichissant parce qu’on rencontre en entretien sa future équipe. Donc on gagne du temps ! Et comme on recrute aussi pour les autres RE, c’est engageant.

C’est une compétence qui n’est vraiment pas facile. Il faut être attentif à la personne en face de nous. Il faut aller chercher le/la candidat.e, poser les bonnes questions pour avoir suffisamment d’éléments pour décider si on va le/la retenir ou pas. Il faut savoir écouter, être directif et aussi se laisser surprendre !

Quelles sont les qualités pour être un bon RD ?

Il faut avoir de la répartie, savoir faire preuve de recul, être joyeux, être humaniste, spontané et universel aussi. Et dynamique !

C’est une question difficile en fait parce que chaque personne peut arriver dans ce taf et apporter quelque chose de complètement différent qu’on n’avait jamais vu avant. Et je suis à la recherche de ça. Certains amènent de la sérénité, d’autres de la folie, ou de la magie, de la patience, du détachement.

Ce qui est excitant c’est de voir un.e RD arriver en formation et de se dire : qu’est-ce que cette personne va pouvoir apporter et qu’est-ce que moi je vais pouvoir lui amener pour qu’elle devienne un.e super RD ?!

Quelles compétences ce métier t’a permis de développer ?

Le management. Le travail d’équipe. La pédagogie. La formation. Le recrutement. L’analyse. Des compétences administratives, logistiques, organisationnelles.

Et la patience ! (rires).

Ta plus belle rencontre ?

J’en ai fait un paquet de belles rencontres. Et chaque donateur est une belle rencontre. Des gens qui te prennent dans les bras, qui pleurent, qui te remercient.

Par exemple, sur la Croix Rouge, je croise une vieille dame qui commence à me dire « je ne donnerai jamais un centime à la Croix Rouge ! » J’étais dans un super bon jour alors je lui ai dit qu’on allait quand même parler. Et à la fin elle a fini par donner 10 € par moisJ

Je me rappelle aussi sur ma mission pour Solidarités International d’une personne qui était venue me voir en me disant qu’après s’être retrouvée 3 fois sans abri, elle venait de trouver un boulot et qu’elle avait très envie de donner tous les mois.

Ce travail en un mot ?

Humanité.

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